LUNDI 14 DECEMBRE 2015

 « Un film de paix »

« Si tous les gars du monde… »

Les périples pleins de dangers des migrants en Méditerranée ont remis en mémoire le film de Christian-Jaque, « Si tous les gars du monde », qui était un hymne à la solidarité internationale en mer.

 Actuellement dans l’hebdomadaire de l’économie maritime « LE MARIN » N° 3568 du vendredi 4 décembre 2015 en page 35, il évoque le film culte des radioamateurs dont mon maitre en radio Fernand Raoult F9AA qui à l’époque était président du Réseau des Emetteurs Français en 1956 a collaboré avec Christian JAQUE pour la réalisation de ce film. 

Ce film réalisé par Christian – Jaque et sorti en salles en 1956, raconte les déboires d’un chalutier de Concarneau de 22 mètres avec un moteur de 250 chevaux. Le Lutèce CC3397. L’histoire : son équipage pêche en mer du Nord mais les matelots, l’un après l’autre, tombent malades. Le bateau est loin des côtes et la radio en panne. Seul le matelot arabe, Mohamed, reste debout. Aussi le second l’accuse-t-il violemment d’avoir empoisonné ses camarades. Le patron Le Guellec a l’idée, à partir d’un poste radio à ondes courtes, d’émettre un appel au secours. Un amateur, situé au Togo en Afrique noire, le capte et avertit aussitôt le médecin de la localité. Celui-ci diagnostique rapidement un empoisonnement provoqué par du jambon avarié : les malades sont atteints de botulisme. Appliquant les préceptes de sa religion, Mohamed n’en a pas mangé, il est donc encore valide. Mais il faut, au plus vite, se procurer un vaccin, sinon l’équipage entier va y passer. Du Togo part un appel pour Paris. Appel entendu par la veuve d’un médecin colonial, prévenue par un apprenti radio. Tous deux courent à l’institut Pasteur, achètent le vaccin et se hâtent vers l’aéroport. Mais les compagnies aériennes, si elles peuvent emporter le médicament, sont incapables de le parachuter. On croit alors que tout est perdu. De rebondissement en rebondissement, les choses s’arrangent. Des personnes de différentes nationalités (allemande, soviétique, polonaise, américaine…), bon gré mal gré, entrent successivement dans la course contre la montre. Finalement, les médicaments sont transmis à un avion norvégien qui les parachute au Lutèce. Le colis tombe à l’eau. Heureusement près du chalutier. Et c’est Mohamed qui plonge, au début de la matinée, pour récupérer le colis qui doit sauver ses camarades. Le retour à Concarneau est triomphal. Le monde entier a suivi cette opération qui prouve à l’évidence qu’une chaîne de solidarité permet de sauver des marins en perdition. Ce film de paix sur la solidarité internationale, sorti en pleine guerre froide, est aussi un hymne aux radioamateurs dont je suis un digne représentant depuis 40 ans, avec mon indicatif (call sign en anglais) : FOXTROT UN HOTEL DENIEUL ERIC « F1HDE ». Le scénario s’inspire sans doute du drame du dirigeable Italia, naufragé en 1928 dans le grand Nord, alors qu’un radioamateur russe capta les SOS lancés par les naufragés. Mais de nos jours, ce qu’ignorent beaucoup de spectateurs et de téléspectateurs du film lors de ses rediffusions, c’est que le chalutier Lutèce a bien existé, qui plus est sous ce nom. C’était une unité de la flotte de pêche de Concarneau, et il a joué son propre rôle dans l’œuvre de Christian-Jaque. Lancé par les chantiers Krebs le 6 mars 1954, malgré une grève des charpentiers du chantier deux jours auparavant, le Lutèce CC3397, coque verte et gros liston rouge, ligne de flottaison blanche, est destiné à l’armement Rousseau & Cie, géré par la maison Chevannes-Merceron et Ballery (CMB). C’est un chalutier de 24 mètres, jaugeant 80 tonneaux, équipé d’un moteur Sulzer de 250 ch. La cérémonie du baptême se déroule le 6 juin suivant. Le révérend-père Feunteun donne la bénédiction au Lutèce. Le parrain est Jacques Nédelec, fils du receveur des douanes de Quimper. Premier bateau concarnois équipé d’un système de navigation Decca et d’un détecteur des bancs de poisson, il a à sa barre le patron Pierre Bourhis, avec pour chef mécanicien Marcel Le Goc. Pour sa première marée, fin juin et début juillet 1954, l’équipage a tout lieu de se féliciter, avec 17 870 kg rapportés à quai. Parmi les 71 chalutiers de Concarneau, le Lutèce obtient les meilleures prises. Il se classe souvent dans les quatre ou cinq premiers, avec 17 tonnes chaque semaine. C’est le premier bateau qui a fait la fortune de la société CMB. En partie subventionné, il sera remboursé en 22 mois. Le 3 février 1955, venant des lieux de pêche, le Lutèce relâche au port de commerce de Brest pour débarquer un matelot atteint d’une crise d’appendicite. En ce début d’année, une équipe de cinéma prépare un film, provisoirement intitulé « Entre ciel et mer » (toute ma vie), racontant l’aventure que l’on sait. Il y a là les coscénaristes Jacques Rémy, Henri-Georges Clouzot (par ailleurs réalisateur de films humainement forts comme, par exemple, Quai des Orfèvres en 1947 et Le salaire de la peur en 1952. C’est lui qui devait à l’origine réaliser Si tous les gars du monde) et Christian-Jaque lui-même (également réalisateur-scénariste de précédents films comme Nana, Madame du Barry, Fanfan La Tulipe, etc.). Au mois de mai 1955, on sait que c’est le Lutèce qui est choisi pour le tournage en extérieur de cette nouvelle production. Il faut se remettre dans l’ambiance de l’époque : la guerre froide, les frictions est-ouest, l’anticommunisme, la crainte permanente d’une guerre – qui plus est, une guerre nucléaire -, la France qui arrêtait un conflit (en Indochine) et en commençait un autre (en Algérie). Le scénario de ce film humanitaire et pacifiste, vantant la solidarité internationale et l’amitié entre les peuples, détonnait mais ne plaisait pas à tout le monde… 

La ville s'est constituée au Moyen Âge à partir de la « Ville close » située dans l'estuaire du Moros. Cet abri naturel a permis le développement du septième port de pêche français en tonnage débarqué et d'importants chantiers navals comme PIRIOU dont voici l’adresse du site internet www.piriou.com . Sa situation sur le littoral et son patrimoine historique en font aujourd'hui une destination touristique bretonne de premier plan. La Ville close de Concarneau est un îlot qui mesure 380 m dans sa plus grande longueur et 100 m dans sa largeur moyenne. Le beffroi a été érigé en 1906 sur l'ancien poste de garde. Une très belle ville du Sud Finistère, qu'il faut absolument visiter ! Ici vous êtes chez moi en Bretagne Sud en pays de Cornouaille et si vous venez en ville close je vous invite à visiter l’excellent et magnifique musée de la pêche dont voici l’adresse du site internet www.musee-peche.fr .