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6 octobre 2020

LE RÊVE BRISE DE LUCAS PAR LE COVID-19 ET LES ECOLOS-GAUCHOS

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Pilote de ligne, c’était son rêve. À 17 ans, Lucas vient de finir sa formation de pilote privé avion. Le coronavirus a fait plonger le secteur aérien. Le jeune Lucas continue de voler, pour le plaisir et pour parfaire sa formation. De là-haut, il en profite aussi pour réfléchir. Voici son récit : Il y a quelques jours, je me baladais à bord d’un Robin DR400, quelque part au-dessus des éternelles plaines agricoles de la Brie. J’essayais de faire un vol pour me vider l’esprit mais comme à mon habitude je n’ai pas pu m’empêcher de transformer la chose en essai philosophique. À 2000 pieds d’altitude dans une chaude journée de septembre, pendu à mes aiguilles, scrutant mon horizon brumeux, je me rendais bien compte que quelque chose n’était pas au rendez-vous, je n’avais plus d’enthousiasme. Pour le jeune que je suis, je ne pouvais me permettre d’un tel état d’esprit, où irait le monde si la jeunesse elle-même cède à la morosité ? Je pensais à la situation économique et à mon futur emploi de pilote que je n’étais plus près d’exercer mais il y avait autre chose. J’enchaînais un virage et pouvais débusquer à plusieurs nautiques les contrées verdoyantes de l’Aube qui semblaient me tendre la main. Je pensais alors à la mouvance verte qui voudrait une interdiction presque totale de toute forme de déplacement aérien. C’était déjà mieux, elle me semblait être là, l’origine de ma peine. Mais il y avait encore du flou et la vérité ne tombe pas du ciel. À l’issue de mon virage, j’enchaînais un plongeon par une souple variation d’assiette à piquer, je devinais alors un bras de la Seine noyé dans l’immensité des terres, il me prenait l’envie de remonter le fleuve jusqu’à sa source. C’est une évidence, notre maison brûle, oui ! Et j’aimerais faire remarquer, pour faire cesser toute hystérie à l’égard des machines et des hommes volants, que parmi les écologistes de la première heure, certains étaient des aviateurs. Et combien de pilotes aujourd’hui, iraient vanter cette déchéance que l’on appelle low-cost ? Ce modèle qui exploite dans l’étroitesse d’une carlingue, aussi bien les passagers que le personnel de bord… De toute façon, nous étions bons pour la casse, nous, ceux que l’on appelle aujourd’hui "personnel navigant technique". Virus, conscience écologique ou pas, nous commencions déjà à être rongés par l’automatisation grandissante. Mais nous sommes toujours aussi nombreux dans les aéro-clubs et les écoles de pilotages, prêts à tout pour assouvir le plus vieux rêve de l’homme. Sommes-nous fous ? Je dirais plutôt que nous sommes des rêveurs, avec un grand R. Et j’en venais au summum de ma réflexion, j’étais sur le point de répondre à cette problématique intrinsèque que j’avais par hasard fait germer : Pourquoi un jeune de mon âge, pilote, presque expérimenté, aux commandes d’un Robin DR400, sous la beauté légendaire d’un bout de terre vue du ciel, se trouve-t-il sous le joug d’un sentiment de désuétude ? Le problème, c’est ce que l’on fait de l’être humain aujourd’hui. On broie son esprit, on lui brise ses racines, on peut même parler de déshumanisation. Ce qui m’inquiète c’est une convention citoyenne qui juge l’aviation légère et sportive "inutile", ce qui me rend fou, c’est de tirer sur les faiblesses d’un outil pourtant extraordinaire. Je suis attristé de voir calomnier un siècle de progrès. Par le diktat qui nous tombe dessus depuis bien plus de temps que l’on ne le pense, on nous empêche de rêver aujourd’hui. Le virus n’est donc pas ce qui pèse sur ma pauvre conscience déjà éreintée par l’absurdité de la société. C’est ce que ce dernier a mis en évidence qui me plonge dans le plus profond des désespoirs. On ne peut plus rêver aujourd’hui et c’est terrible car un être humain qui ne s’imagine plus creuse son propre tombeau. Il nous faut avancer, il ne faut pas détruire mais transformer, c’est de transcendance dont il y a nécessité ! Encore faudrait-il accepter de revoir notre rapport au monde d’homme "moderne". Encore faudrait-il recentrer l’essentiel dans nos vies. Encore faudrait-il s’écouter, se comprendre, cesser d’anéantir autrui dans une logique trop souvent mécanique. Nous valons bien mieux ! Il nous faut redonner un peu de saveur à ce monde. Et Ray-ban sur le nez, c’était en observant l’ombre de ma carlingue filant sur le bleu du fleuve que je me disais que le défi du siècle serait de redonner leur place aux êtres humains. Le travail est à faire sur chacun d’entre-nous.

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