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16 février 2019

Avec le BlaBlaCar du ciel vous jouez à la roulette Russe.

 

ZZ CRASH 21

Aujourd’hui des start-ups fleurissent dans le paysage aéronautique Français en vous proposant de vous mettre en relation avec des propriétaires d’avions privés et des soi-disant pilotes professionnels via des plates formes. Je suis très dubitatif sur ce concept de réseau collaboratif. Ces sites sont animés par des jeunes entrepreneurs fraichement sortis d’écoles de commerce ou du marché de la transaction immobilière souvent sans aucune connaissance du milieu aéronautique. Leurs argumentaires vous trouver un avion et un pilote rapidement et à un prix accessible, les PME de province sont pour eux une cible de choix. Dans leurs brochures ou sur leurs sites WEB ils vous font miroiter des avions comme le dernier monomoteur de la société DAHER – SOCATA TBM900 et vous finissez dans un cercueil volant du style Piper PA-46-310P Malibu construit il y a 35 ans et piloté par un pilote privé plombier de profession, situation qui a couté la vie à Emiliano SALA qu’on a retrouvé une semaine plus tard par 67 mètres de fond dans la Manche.

 

041 Piper PA-46-350P Malibu Mirage

En regardant de plus prêt on se rencontre du manque de robustesse de ces structures. A la lecture des conditions générales d’utilisation à la rubrique « LIMITATION DE RESPONSABILITÉ » vous pouvez lire : Les Utilisateurs reconnaissent expressément que la société ne réalise que des prestations de mise en relation sans intervenir dans la sélection de l’aéronef, du Pilote, du propriétaire de l’avion privé ou du passager. En conséquence, les Utilisateurs renoncent à tout recours contre la société au titre des dommages directs et indirects, qu’ils pourraient subir notamment du fait de tout incident ou sinistre, causé par le Propriétaire, le Pilote, ou de manquement de l’un d’entre eux, ou de l’annulation d’une réservation d‘aéronef ou de Pilote, ou de l’annulation de la location ou de l’affrètement d’aéronef, ou de l’annulation, du retard ou du report d’un vol, sauf faute grave ou intentionnelle dûment prouvée par la société. Je vais regarder sur YOUTUBE si je trouve des présentations de ce type de société. Voici un reportage de France 3.

Reportage Air Affaires - FRANCE 3

Surprise on ne retrouve pas un TBM900 ou un Falcon7X. Non une triste connaissance un Piper PA-46-350P Malibu immatriculé en Allemagne (D-EUVH) l’avion à 16 ans, construit en 2003 avec le N° de série 4636345. Entre 2003 et 2016 l’avion était immatriculé aux Etats Unis d’Amérique du Nord avec l’immatriculation N708DP avec 3 propriétaires privés successifs. Celui-ci est un Mirage/Jet Prop DLX, il est donc pressurisé et possède un turbopropulseur Pratt & Whitney Canada PT6A-42A. Il est équipé d’un transpondeur mode S avec le code 3D3BA1.

 

042 D-EUVH Piper PA-46-350P Malibu Mirage Jetprop DLX Serial 4636345 LFPN

Le concept est abject il instaure une précarité et une paupérisation de la profession de pilote professionnel d’avions comme je l'évoquais dans mon message du 3 février intitulé « Le métier de pilote d’avions en 2019 en France » PAY TO FLY : je paye donc je suis ? On sait que les gamins qui ont emprunté 23000€ à leurs banques pour passer leurs brevets et licences de pilotes professionnels ont besoin de remplir leurs carnets de vol pour ne pas tout perdre, en aviation il faut proroger en permanence ses licences. Dans le film de France 3 le CEO de cet UBER des airs à le cynisme de dire que le pilote paye son service de pilotage pour transporter le boulanger apprenti businessman qui veut ressembler à Vincent BOLLORE. Vincent BOLLORE n’a pas recours au BlaBlaCar des airs ils payent correctement un équipage. Dans la présentation voilà comment cette société parle des pilotes : ils répondent à trois profils : instructeur dans un aéro-club et éventuellement en recherche d'un poste dans une compagnie aérienne, jeune retraité ou salarié d'une compagnie désireux d'arrondir ses fins de mois. Je peux vous dire que le grand groupe dans lequel je travaille ne pourrait pas référencer une telle société lors d'un audit qualité-fournisseur de prestation de services, elle ne répond pas aux critères de sécurité pour le transport de ses collaborateurs. Vous allez me dire à qui profite ce business vous l’avez compris pas aux pilotes qui travaillent avec l'épée de Damoclès qui pour eux est d’effectuer leurs heures de vol pour conserver leur licence. Les gagnants les loueurs et les propriétaires pour rentabiliser leurs avions et l’intermédiaire qui se rémunère via une cotisation annuelle par entreprise abonnée. Les dirigeants, entrepreneurs et cadres d'entreprises risquent de s’exposer aux mêmes risques qu’Emiliano SALA « perdre la vie », comme vous l’avez compris dans ce milieu le meilleur côtoie le pire. Mais ce nouveau concept est-il risqué ? : comme vous savez en lanceur d'alerte je me permets d’alerter les utilisateurs aux dangers et risques auquel ils s'exposent. En 2016 je me suis prononcé formellement contre ce système. En effet le co-avionnage se situe aux limites de 2 réglementations, celles du transport public et celle du transport privé. Ces sociétés trouvent leurs passagers dans un large public, notamment au moyen de plateformes web. Ils partagent les frais du vol avec leurs passagers, comme dans les règles du transport privé, mais avec une ressemblance criante (surtout pour une personne non avertie) avec l’achat d’un billet de transport public. Pourquoi la « prudence » est-elle de mise ? Imaginons qu’hélas un accident grave se produise. Dans ce cas difficile, d’autres acteurs, les assureurs, les ayants-droits, leurs avocats et peut-être les juges, seraient amenés à déterminer les responsabilités et les indemnisations. Tant que le flou réglementaire existera, à la frontière entre transport privé et public, toutes les personnes impliquées, et en particulier les sociétés de co-avionnage, les exploitants (généralement les propriétaires d’avions) et les pilotes devront se défendre de ne pas être des hors-la-loi. Ce risque implique donc de devoir consacrer beaucoup de temps à gérer un conflit ou un procès, et peut-être de subir une condamnation ruineuse, non assurée, voire une peine de prison. Pilote passionné, militant de la simplification de la réglementation pour inciter le plus grand nombre à voler, mon avis est aussi celui d’un ambassadeur de l’aéronautique depuis 41ans. Ainsi, tant que les règles ne l’autorisent pas explicitement, il ne faut pas s’exposer au risque d’être condamné et mieux vaut donc s’abstenir de faire du co-avionnage. Hélas, tant pis pour les heures de vol. Aujourd’hui en 2019 dans cette jungle libérale certains ont compris qu’il y avait beaucoup de fric à faire, le low-cost est à la mode, certain investisse des millions d’Euros dans ces UBER des airs. Les grands perdants sont les compagnies aériennes de transports publiques de passagers qui emploient des milliers de salariés soumis à une règlementation drastique de sécurité et de sureté imposée par l’agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et la DGAC (direction générale de l'Aviation civile). Je finirais cet article par une citation d’Antoine De Saint-Exupéry « Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis ». Ma dernière illustration est un de mes livres de chevet des années 1980 à l’époque ou j’avais un rêve secret devenir le pilote d’affaires de ma boite. Je vous donne rendez vous le mardi 19 mars à la saint Joseph. A bientôt.

 

043

Souchon-Voulzy - Il roule (Les fleurs du bal)

 
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